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Léon Jacquemaire
Nourriture fortifiante, voilà le maître mot de Jacquemaire de 1881 à 2015. A la fin du XIXème siècle, c’est le Phosphate Vital et la Carnine, élaborée à partir de sang de bœuf, qui contribuent au succès immédiat des Etablissements Jacquemaire, cofondés par Léon Jacquemaire et son confrère Maurice Miguet, tous deux pharmaciens à Villefranche sur Saône.
La communication Jacquemaire est culottée : « Louis XVII, ce n’est pas seulement l’air, le mouvement, le jeu qui lui ont manqué dans sa prison : ce sont surtout les phosphates, car le Phosphate Vital l’eut sauvé. Et il n’est pas douteux que M. L. Jacquemaire, s’il eut vécu en ce temps-là, n’eut largement approvisionné le petit martyr du Temple » *
(*) Cette citation, comme d’autres informations dont ce site est une synthèse, a été tirée du livre de référence « Blédina, 100 ans d’expertise, de passion et d’innovation » d’Olivier Boudot paru en 2006 dans la collection “Mémoires d’Hommes, Histoires d’Entreprises”
Dans le laboratoire Jacquemaire
L’intolérance de certains enfants au lactose est un problème vital, auquel Maurice Miguet trouve une solution avec sa Blédine, une farine obtenue par le broyage et le tamisage d’un biscuit de grains de blés riche en vitamines.
le 1er cobaye n’est autre que la fille du patron M. Miguet, et la cuisinière des premiers essais sera la concierge. Family business…
"La seconde maman", slogan intemporel de Jacquemaire
C’est l’aboutissement officiel d’un produit salvateur pour des milliers de nourrissons, dont le succès est immédiat : dès 1907, ce sont 15 000 boites de Blédine par mois qui se vendent dans toute la France. De nombreux médecins écrivent à Jacquemaire pour le remercier de cette invention bienfaisante.
Fin des années 1920, Maurice Miguet dans son atelier
« Eh oui, depuis le moment ou la Blédine en galette est précipitée dans cette trémie jusqu’à celui où elle descend dans les boites, tout est automatique ! » s’exclame M. Miguet à un journaliste venu visiter l’usine. La maîtrise du produit, déjà une obsession Jacquemaire…
Jean Penche
Ce patron de poigne, qui accompagnera Jacquemaire jusqu’en 1971 (36 ans de service!), reprend en main les Etablissements qui connaissent alors un passage à vide : nouveaux produits (le Galactogil et le Peptogil), nouveau modèle de boite, nouvelle politique commerciale avec la distribution de livrets à la naissance des bébés… et cela paie : Jacquemaire, c’est à l’orée de la guerre 200 employés et 18mFF de chiffre d’affaires.
Jean Penche : « il était dur, chaque matin, il quittait la maison à six heures et quart pour être le premier à l’usine ».
L'aide alimentaire aux bébés continue, même pendant la guerre
Avec deux usines et beaucoup d’organisation, Jean Penche parvient en 1943 à produire encore 600 000 boites de Blédine, 60 000 de Blécao et 70 000 de Diase céréale, qui seront livrées en France occupée ou libre, à pied ou à vélo quand l’essence vient à manquer. Toutefois, par manque de matière première, la production de Blédine sera interrompue en 1944.
« Les Allemands ont épargné l’ensemble des bâtiments » se réjouissent les dirigeants. La relance d’après-guerre en sera heureusement facilitée.
"une innovation Jacquemaire: Alma"
Si Jacquemaire est leader sur les farines lactées et non lactées en France avec 35% de part de marché, elle s’attaque désormais à un marché plus grand et plus concurrentiel : le lait infantile en poudre, avec sa marque Alma. Alma 2eme âge suivra en 1955, faisant d’Alma un vrai challenger de Nestlé.
Les petits pots Jacquemaire, en fer puis en verre
Produire des purées pour les bébés est une idée de bon sens, mais Jacquemaire est le premier à trouver une solution technique satisfaisante : des petits pots en fer (1955) puis en verre (1960), avec le fameux « poc », à l’ouverture garantissant sa parfaite stérilisation, répondront à ce marché naissant et à forte croissance.
Carotte-orange et autres pommes-coings ne doivent rien au hasard, ce sont des médecins nutritionnistes qui développent ces recettes adaptées aux nourrissons.
En Grande Distribution
La distribution évolue en profondeur dans les années 60, Jacquemaire accompagne le mouvement : le réseau pharmaceutique initial est conservé, mais les épiceries, puis la grande distribution (le 1er hyper naît en 1963) connaîtront les estafettes siglées Jacquemaire et leur force de vente tenace et combative. Les pharmaciens boycottent un temps, mais reviendront vite vers Jacquemaire, on ne peut négliger une marque leader…
Le logo Jacquemaire, maman et bébé tendrement enlacés
Si Jacquemaire vendait déjà dans les colonies et en Algérie à ses débuts, c’est avec son rachat par Antoine Riboud en 1965 au sein d’un conglomérat (qui deviendra Danone) que ses produits voyageront en Espagne, Belgique, Italie.
La marque « Blédina » sera le vecteur de conquête de Jacquemaire sur ces marchés, Jacquemaire restant la caution légitime, « la seconde Maman ».